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Boy feeding his goats in Ethiopia (photo credit: ILRI/Bruno Gerard).
Cet article a été publié originellement en anglais sur ce site; traduit par Ewen Le Borgne.
Il est loin le temps où le discours sur le développement se résumait à l’assistance humanitaire. Certains pays en voie de développement rapide essaient d’assurer que les bénéfices de cette croissance se réalisent pour les ménages les plus pauvres. En Ethiopie, pays où 70% de la population rurale possède du bétail, l’élevage est officiellement au cœur de ce débat.
Depuis 20 ans, le gouvernement éthiopien compte sur une réelle transformation du secteur agricole, mais l’absence d’un plan directeur en a retardé la mise en œuvre. Cependant un nouveau projet de recherche interdisciplinaire, que Barry Shapiro – chercheur à l’Institut International pour la Recherche sur l’Elevage (ILRI)—a présenté au Ministère de l’Agriculture (MdA) à Addis Abeba, révèle les bénéfices potentiels d’un Plan Directeur pour l’Elevage (PDE, LMP en anglais) en Ethiopie.
La somme relativement modeste de 400 millions de dollars US échelonnée sur cinq ans devrait suffire pour que le plan conjoint du MdA et de l’ILRI réduise la situation de pauvreté de 2,36 millions de ménages s’occupant d’animaux d’élevage, et offre aux fermes familiales un avenir commercialement viable. Au-delà de l’impact direct sur les foyers ruraux, le PDE compte étendre ses vertus aux consommateurs urbains en réduisant les prix des produits alimentaires et en assurant la sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau des ménages, du secteur de l’élevage et du pays dans son ensemble.
La réunion qui s’est tenue en juillet 2015 était organisée par le groupe de travail sectoriel sur le développement économique rural et la sécurite alimentaire (un groupe constitué d’agences des Nations Unies, organisations non-gouvernementales et bailleurs de fonds, entre autres) en vue de discuter l’établissement éventuel d’un programme de travail sur l’élevage. Les arguments en faveur d’une attention renouvelée pour l’élevage sont convaincants, alors que le PDE semble bien positionné pour atteindre la plupart des objectifs du Plan de Croissance et de Transformation (GTP dans son sigle anglophone) du gouvernement éthiopien.
Le développement du secteur à long terme repose sur les contributions de trois piliers de l’élevage : races, fourrage, et santé. Ces trois piliers sont analysés à l’aune des filières clé du secteur de l’élevage : aviaire, vaches à lait hybrides, et viande rouge/lait). Le PDE suggère qu’un investissement dans le développement des vaches à lait hybrides entrainerait un surplus de 47% de la production laitière (au-delà de la demande domestique). Ceci offrirait des opportunités pour améliorer la sécurité nutritionnelle, les produits industriels (e.g. dans la boulangerie) et les revenus de l’export. De larges gains assez similaires peuvent être dégagés pour la production de viande rouge/lait dans les exploitations familiales et au sein des populations pastorales et agro-pastorales.
La transformation du secteur aviaire est essentielle, car elle permettrait de pallier le différentiel national entre production et consommation. Par ailleurs, si l’on substituait le poulet à la viande rouge issue de ruminants émettant davantage, on pourrait atteindre l’objective de résilience au climat consistant à augmenter la part de la volaille de 5% à 27% de la viande consommée d’ici 2030.
Shapiro émet cependant quelques réserves : Les bénéfices du PDE ne peuvent être réalisés que si l’on adapte les préférences des consommateurs en défaveur de la viande rouge et en faveur des poulets hybrides. Par ailleurs d’importants investissements devront être faits en matière de : sélection génétique, insémination artificielle, réhabilitation des pâturages, fourniture de services vétérinaires, régulation et normes qualité et en matière de santé, ainsi que l’adoption de mesures en faveur de l’investissement privé.
Pour la mission de l’ILRI, passer ces leçons à l’échelle est tout aussi important. Le montage de ce plan directeur a réuni de nombreux experts intéressés à traiter un objectif ambitieux: promouvoir le développement durable et améliorer la résilience climatique et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, tout en contribuant aux objectifs de l’ILRI d’influencer les autres acteurs et de promouvoir le renforcement des capacités. La mise en œuvre de ce plan poserait de nombreux jalons en ce sens.
Le processus de développement du PDE a été financé par la Fondation Bill & Melinda Gates et supervisé par un comité technique de haut calibre, comprenant les directeurs des départements et instituts idoines du Ministère d’Etat pour l’Elevage du MdA éthiopien, ainsi que des représentants de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), l’Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD), L’Agence éthiopienne de Transformation de l’Agriculture (ATA), et les présidents des associations professionnelles de l’élevage (la Société Ethiopienne pour la Production Animale et la Société Vétérinaire Ethiopienne).
Cette activité a en outre été soutenue par le groupe Alive (African Partnership for Livestock Development) du Bureau Africain des Ressources Animales de l’Union Africaine (AU-IBAR) ainsi que du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et de la Banque Mondiale.
Les principales conclusions du bulletin politique du PDE sont disponibles ici (en anglais). Le document intégral sera disponible sous peu.
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